Je me suis fait la réflexion que cet observateur dont nous parlons, avait probablement dû vivre plongé dans un contexte culturel, évidemment influencé par les mythes, les légendes et les dieux propres à sa culture et, bien sûr, exposé à d'autres récits de la création.
Si la localisation que nous proposons est correcte, il a dû être grandement influencé par Babylone. Savoir ce que les Babyloniens disaient dans leurs propres textes sur cet événement, peut se révéler être très intéressant. Je transcris ci-dessous le poème de la création appelé Enuma Elish (pour ses deux premiers mots) de la littérature babylonienne qui commence comme ceci :
Lorsque là-haut le ciel n'avait pas encore de nom
Lorsque même la terre ici-bas n'avait pas encore été nommée, (alors) les eaux de l'abîme (Apsû : eaux douces) primordial,
et les tumultueuses Tiâmat (eaux salées) furent rassemblées.
Ce poème, Enuma Elish, trouvé dans la bibliothèque d'Asurbanipal à Ninive (669 av. J.-C. - 627 apr. J.-C.), raconte la naissance de Marduk, ses actes héroïques et la manière dont il est devenu le seigneur des dieux après avoir tué Tiâmat, sa grand-mère, à laquelle il arracha les Tables du Destin.
Il dit :
« Lorsque Là-haut le ciel n'avait pas encore de nom, et qu'Ici-bas la terre ferme n'avait pas de nom, seuls Apsû-le premier, (eaux douces) le progéniteur, et Tiâmat, (eaux salées) la génitrice qui les enfantera tous,
Mêlaient en un seul tout, leurs eaux : ni bancs de roseaux n'y étaient encore agglomérés, ni cannaies n'y étaient discernables. Des dieux nul n'était encore apparu, ils n'étaient ni appelés de noms ni lotis de destins. Alors d'Apsû et de Tiamat, dieux des eaux, dans la vase précipitée, Lahmu et Lahamu ont émergé et leurs noms furent prononcés.
A peine grandis, Anshar et Kishar leurs sont nés, les surpassant.
Le ciel et la terre se sont écartés, là où les horizons étaient réunis, afin de séparer le nuage de la vase.
Ils ont passé de longs jours, ils ont ajouté les années aux années jusqu'à ce qu'Anu, le ciel vide, leur fils premier-né, vienne rivaliser avec ses ancêtres. Anshar avait fait son fils Anu pareil à lui-même, et Anu a engendré Nudimmud (Enki / Ea) pareil à lui-même. Nudimmud-Ea était supérieur à ses ancêtres ; profonde était sa compréhension, il était le plus sage et le plus fort sous l'horizon du ciel. Plus puissant encore qu'Anshar. Il n'avait aucun rival parmi les dieux ses pairs.
Les dieux de cette génération se réunissaient ensemble et la discorde a éclaté parmi eux bien qu'ils aient été des frères. Se battant et cognant dans le ventre de Tiamat, leurs clameurs résonnaient. Ils secouaient le ciel avec leurs danses.